En cela l'art se rapproche de la philosophie. Dans ce registre, il est nécessaire de faire appel à la notion d'attribut dominant : cet attribut dominant est le trait de similarité qui sert de fondement à l'établissement du rapport métaphorique. Avec Plotin et les néoplatoniciens, la beauté sensible est la manifestation de la forme intelligible qui permet sa présence dans le monde. Cette anamnèse ramène à ce qui est au-delà du temps, au silence insécable de l’éternité[7], au temps hors temps. De ce point de vue, l'œuvre renvoie autant à son réfèrent qu'à l’idée qui l'engendre et en fait un objet nouveau à part entière. Mais, ajoute-t-il, entre les mains de l'artiste ce même morceau d’airain peut devenir autre chose, par exemple une statue. Platon comme Aristote conçoivent l’art à travers la grille de la mimésis. Cette interprétation de la mimésis renvoie à l'Allégorie de la Caverne[5] : ce que la plupart des hommes pensent être la « réalité véritable » n'est que l’ombre de celle-ci projetée sur les parois de la caverne. En faisant de l’œuvre d’art une copie de copie, Platon conçoit la mimésis sur le registre du symbole[20]. Cette caractérisation n’a en soi rien de péjoratif, et, dans le Sophiste, Platon mentionne un analogue divin de la production humaine des images. De plus, l’espace dont relève le Christ est celui de la corruption temporelle, de la fin des choses, du temps qui passe. Comme chez Aristote, le peintre de Heidegger transcende la réalité brute du modèle pour la transposer dans l'ordre général : ce qu'est vraiment la paire de chaussures dans l'existence paysanne. L’œuvre est l’acte de construction d’une nouvelle réalité sensible qui affirme et consacre l’unité créatrice de vérité venant se substituer au chaos de la réalité prosaïque. Ces différences spécifiques déterminent ce qu’Aristote appelle son être en acte, sa réalité singulière. L’interprétation aristotélicienne ne parvient pas à saisir ce qui fait qu’une œuvre contemporaine puisse prétendre au statut d’œuvre d’art. J.-C., est un philosophe grec, contemporain de la démocratie athénienne et des sophistes, qu'il critiqua vigoureusement. Fast and free shipping free returns cash on delivery available on eligible purchase. L’œuvre d’art acquiert ainsi une dimension philosophique que ne possède pas le récit historique[14]. « Toute représentation de ce genre est un processus ontologique et apporte sa contribution à la dignité ontologique de ce qui est représenté. On sait avec quelle sévérité Platon a jugé certaines formes d’art. [31] « Nietzsche et l’Art », Article en ligne de La-Philosophie.com, 2012 [la-philosophie.com/nietzsche-art]. Par conséquent, pour Platon, dans la Cité idéale les artistes devront être rigoureusement soumis au philosophe-roi. On peut poursuivre ainsi l'analyse de ce tableau en recherchant les messages qui transcendent la symbolique des images qui le composent. Si la réflexion esthétique remonte à Platon et à ses réflexions sur le beau, la thématisation de l’art en tant que branche dédiée de la philosophie est assez récente : L’Esthétique doit son nom à Alexander Baumgarten qui vient du grec aisthètikos, ce qui signifie la perception par les sens ou encore faculté de sentir.Ainsi, l’esthétique est la science qui traite … Platon comme Aristote conçoivent l’art à travers la grille de la mimésis. Cette détermination néguentropique de l’airain ne peut s’actualiser —au sens anglais de rendre « actual »[25]— sans l'intervention d'un « agent » extérieur, en l’occurrence le sculpteur. L'art nous. L'art, moyen d'éducation et de connaissance? Cette hypothèse de l’autoréférence de l’œuvre contemporaine à travers son interprétation fait écho à ce qu’en dit Arthur Danto : « au moment où quelque chose est considéré comme une œuvre d’art, il devient sujet d’une interprétation »[38]. » in « Ce que vous voyez est ce que vous voyez. Cette Forme ne peut exister que si elle s’imprime sur un substrat. Paul Klee dira plus tard : « L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible »[9]. Il appartient au groupe des dialogues dits socratiques, que l'on considère habituellement comme des compositions de jeunesse. ». Éros est « traversée du sensible » en ce sens qu'il ouvre un passage par le sensible pour finalement s’en émanciper. Cette Forme doit être considérée comme un principe organisateur —plutôt que comme une forme au sens de « shape » en anglais[26]—. L’art habité par Éros est réhabilité dans sa fonction de langage de l’Alètheia. Image stylisée que l’auteur de l’œuvre met en valeur pour que jaillisse le sens de son œuvre. Platon interprète l’art du point de vue du spectateur et de l’Éros sensuel. L'émotion esthétique éprouvée à la lecture d'un poème, au spectacle d'une pièce de théâtre, d'une œuvre plastique ou de toute autre œuvre d'art,... n'est qu'un leurre, une illusion. La quête de la beauté véritable est une démarche maïeutique qui implique une certaine ascèse, car, souvenons-nous, le mythe nous apprend que c’est de façon négative que l’on approche de la vérité. Si les arts définis comme mimésis, souffrent selon Platon d’une infériorité ontologique, à l'inverse, la philosophie qui incarne la beauté a le pouvoir de reconduire aux Idées et à l’Etre véritable. C’est à travers l’art que l’homme peut trouver le chemin de l’autodépassement[31], dit Nietzsche. L’œuvre d’art se donne alors pour principale fonction de dévoiler la présence de l’intelligible entendu comme fond métaphysique du temps hors-temps[8]. Non seulement tout philosophe est artiste, mais Socrate nous dit même … A l’inverse, un Léonard de Vinci, un Rembrandt, un Van Gogh, un Cézanne... sortis de leurs musées restent des œuvres reconnaissables comme œuvre d’art. Ce que l’on connait du beau c’est ce que nous en laisse entrevoir l’Alètheia. » colloque novembre 2005. », Dogma, décembre 2011 [dogma.lu]), [7] Frangne P.-H. « Vers un art sans écart ? On rappelle souvent que le législateur platonicien célèbre le poète à cause de ses prestiges (1), et à cause de ces mêmes prestiges l'exile de sa République (2). Dès lors, le récit de l’origine du Taj Mahal n’est pas la condition de sa beauté. Ainsi l’art, selon Platon, vise un plaisir distinct de la connaissance et de l’utilité éthique. [25] Françoise Balibar, « La matière, des Grecs à Einstein », cours au Collège de la Cité des sciences. L'être et la forme selon Platon. La métaphore impose à l'esprit du spectateur, en surimpression par rapport à l'information logique contenue dans la figuration concrète de l’œuvre, une image associée fondée sur une schématisation du réel. Aristote donne le nom de « Forme » à ce principe de détermination. [28] Aristote, «La Poétique», coll. La fonction cognitive de l’art selon Aristote repose donc sur une stylisation ou une schématisation qui engendre une forme épurée du réel[17] contenant en elle-même sa propre logique, sa propre signification. Les forces en jeu dans l'art sont essentiellement les forces actives : elles n'ont pas besoin de s'opposer ou de nier d'autres forces pour s'imposer. Contrairement à l’anamnèse de Plotin[16] qui conditionne l'art à l'abandon de la réalité prosaïque, l’art d’Aristote s’appuie sur le réel pour en faire jaillir une vérité. L’art est ainsi producteur de connaissance. L’art est doublement poïétique. Platon voit dans l’art l’apparence, Aristote y voit l’apparaître. L’art est vu sous l’angle de l’acte créateur de vérité. « Le beau se trouve dans la grandeur et l'arrangement »[28] (50 b 37) dit le Stagirite, mais l’art ne se réduit pas à la perfection technique. L'intelligence n'est pas toujours employée vers des fins bonnes. Stérile, l’œuvre d’art est en même temps une entreprise trompeuse car elle engendre une expérience esthétique. L'œuvre d'art nous révèle donc que l’être ne se définit pas de façon univoque : il est à la fois un être en acte et un être en puissance, puissance au sens de potentialité. Journal of Hellenic Studies 54:226 (1934) Abstract This article has no associated abstract. (3) Cf. Le Statut de l'Art chez Platon. Sortir de la Caverne est pénible. »[12]. C’est qu’il n’aime pas le changement. C’est dans la beauté de l’œuvre que réside tout le sens de celle-ci. La quête du beau est « instrument de réminiscence », car elle ouvre l'esprit au souvenir de son origine divine et du monde intelligible qui est notre « véritable patrie ». A contrario, en faisant de l’œuvre d’art la construction analogique d’une réalité dont on ne retient que certains attributs essentiels pour les mettre en valeur, Aristote conçoit la mimésis sur le registre de la métaphore. Sa vérité est là, toute entière dans sa beauté. Les artistes sont dangereux pour la république car l’art séduit alors qu’il n’est que pur illusionnisme. Dans ce texte, le mot « arbre » correspond à la « foi » par un système de signes emboîtés. Éros est l’artisan qui unit ce qui était séparé, et de cette union naît un troisième terme : l’œuvre d’art qui synthétise et valorise. C'est sur l'exemple de la production artistique qu'Aristote établit sa fameuse distinction entre la « Forme » et la « Matière », d’une part, et entre l'« Acte » et la « Puissance », d’autre part. J. Moreau. Un détail iconographique permet de justifier cela : la symbolique du sablier situé sur la table des six musiciens que Véronèse a placé, fort malicieusement, exactement dans l’axe médian. Aristote interprète l’art à travers le travail de l’artiste et de l’Éros géniteur. À l’« instrument de réminiscence » Aristote oppose la médiation de l'élaboration, du travail sur l'œuvre qui participe d'une démarche positive vers la connaissance. Se complaisant aux plus frelatées des apparences, l'art chez Platon est comme la sophistique : une virtuosité de l'illusion et une entreprise de perversion. Ni l’interprétation d’Aristote ni celle de Heidegger ne semblent convenir à certaines productions de l’art contemporain. Du fait qu’elle contient en elle-même sa propre logique, sa propre signification, l’image métaphorique parle d’elle-même, elle n’a pas besoin de rechercher à l’extérieur d’elle sa signification. Buy Des Principes de L'Art D'Apres La Methode Et Les Doctrines de Platon (1850) by Burnouf, Emile online on Amazon.ae at best prices. La seule différence avec Platon, c'est que pour le catholicisme, l'art ne doit pas être subordonné à la philosophie mais à la révélation divine. Il condamne l’art, mais il respecte l’artiste. Seul l’accès à la « réalité véritable » peut être accès à la beauté. L'art semble inévitablement lié à l'idée de beau.En effet, quand on dit d'un objet qu'il est une œuvre d'art, on lui attribue une valeur (« c'est de l'art », « ce n'est pas de l'art »). Mais celui qui n'a aucune connaissance de la théologie chrétienne sera incapable de procéder à cette analyse, il n’y verra que la qualité esthétique et technique du tableau. De plus il n'imite même pas l'être mais il imite le sensible. Dans l'expression symbolique, ce signifié devient à son tour le signifiant d'un autre signifié, qui sera ici la représentation ou le concept de la foi. Si les arts définis comme mimésis, souffrent selon Platon d’une infériorité ontologique, à l'inverse, la philosophie qui incarne la beauté a le pouvoir de reconduire aux Idées et à l’Etre véritable. Pour être belle, une oeuvre doit être proportionnée et représentative de ce que l'homme perçoit dans le réel. Export citation. Platon ne voit pas l'objet d'art comme un ajout que l'homme ferait au monde en créant quelque chose de plus mais il voit dans l'art quelque chose de moins : l'objet d'art est moins que son modèle. Platon, La République, pages 389-369. Toutefois, les appréciations que nous portons sur l'œuvre, ou sur l'objet produit qui prétend au statut d'« œuvre d'art », dépendent en grande partie du plaisir ou de la satisfaction que. La philosophie ne sait pas ce qu’est l’art.Elle se préoccupe plutôt de la fonction de l’art.La branche s’occupant du beau est la philosophie de l’art.Dans l’Antiquité, l’art visait à exprimer la Beauté. Le lumineux ainsi constitué dispose son paraître dans l'œuvre. Par la représentation, il acquiert, pour ainsi dire, un surcroît d’être. Nous emprunteront à Aristote le terme « entéléchie » (ἐντελέχεια)[29] pour désigner le principe « néguentropique » de cette «bonification», principe qui permet à l'œuvre d’art de trouver son plein épanouissement, son plein sens par redoublement de l’accomplissement, de la poïésis. Dieu « est ce qu'Aristote appelle une entéléchie (...) un être ayant en soi sa fin et sa perfection » (Victor Cousin, Histoire générale de la philosophie, 1861, p. 158). En cela, l'art est à l'opposé de la philosophie. Le symbole est « ce qui représente autre chose en vertu d'une correspondance analogique »[18]. « L’art est la belle représentation d’une chose et non la représentation d’une belle chose »[11] dit Kant. Platon distingue œuvre d’art et quête du beau. Imiter, c’est rendre semblable à ce qu’on imite ou ... L’artiste en effet, selon Platon, se borne à reproduire et à copier le sensible. Selon Platon le caractère mimétique de l’art comme miroir de l'ombre de la réalité, entraîne une confusion ontologique qui risque d’égarer celui qui est pris au jeu de l’émotion. L'art est du même ordre de valeur que la rhétorique ; l'art dupe et flatte les sens et nous éloigne de la réalité vraie.